WebBD : Mes papas & moi
Les Dalton font partie des méchants les plus célèbres de la bande dessinée franco-belge. Créés par Morris, puis développés avec René Goscinny, ils apparaissent pour la première fois en 1952 dans Lucky Luke contre Joss Jamon. Leur nom n’est pas une invention : il s’inspire d’un gang bien réel, celui des frères Dalton. Ces derniers, Bob, Grat, Bill et Emmett, ont réellement sévi dans l’Ouest américain à la fin du XIXᵉ siècle. Ils multipliaient les attaques de trains et de banques avant d’être abattus en 1892 à Coffeyville, au Kansas. Seul Emmett survécut, devenant malgré lui une légende du Far West.
Morris s’inspire de ces véritables bandits pour créer une première version réaliste des Dalton dans Hors-la-loi (1951). Cette bande, composée des quatre frères historiques, y est représentée comme cruelle, déterminée et sans scrupules. Lucky Luke les affronte et, fait rare dans la série, les tue à la fin de l’album. Ce ton sombre tranche avec l’humour habituel du cow-boy solitaire, mais donne naissance à l’une des pages les plus marquantes de la saga.
Face au succès du nom « Dalton », Morris décide de les ressusciter sous une autre forme. Il imagine alors leurs cousins : Joe, William, Jack et Averell. Apparus pour la première fois en 1957 dans Les cousins Dalton, ces nouveaux personnages deviennent les adversaires récurrents de Lucky Luke. Contrairement à leurs modèles, ils sont beaucoup plus maladroits, querelleurs et ridicules. Joe, le plus petit, est le chef colérique qui hurle sur ses frères. William et Jack, les deux du milieu, sont plus effacés et interchangeables. Quant à Averell, le plus grand, il est simple d’esprit, gourmand et souvent attendrissant malgré lui.
Les Dalton sont rapidement devenus indissociables de Lucky Luke. Ils représentent l’éternel retour du mal face au bien, mais traité avec humour et absurdité. Toujours en fuite, souvent en prison, ils incarnent la bêtise répétitive et la comédie du crime raté. Leur design, avec leurs tailles décroissantes parfaitement alignées, est devenu un modèle d’efficacité visuelle. On les reconnaît instantanément, même sans leur nom.
Au fil des décennies, les Dalton ont franchi les frontières de la bande dessinée. Ils apparaissent dans la plupart des albums de la série, mais aussi dans les films d’animation comme La Ballade des Dalton (1978), Lucky Luke (1983) ou Tous à l’Ouest (2007). Ils ont également eu droit à leur propre série animée, Les Dalton, diffusée à partir de 2010, centrée sur leurs évasions et leurs disputes fraternelles. Ces adaptations ont contribué à faire d’eux des personnages universellement connus, même au-delà du lectorat de bande dessinée.
Plus de soixante-dix ans après leur création, Joe, William, Jack et Averell continuent d’amuser petits et grands. Leur popularité n’a jamais faibli, preuve que leur formule fonctionne toujours : quatre frères, un chef irritable, trois idiots et un cow-boy trop rapide pour eux. À travers eux, Morris et Goscinny ont créé une satire intemporelle, celle du crime qui échoue toujours, de la famille dysfonctionnelle et de la persévérance dans la bêtise. Dans l’univers de Lucky Luke, les Dalton sont bien plus que des méchants : ils sont devenus une légende.
