Les droits LGBT ont progressé en France, mais la réalité reste contrastée. Entre avancées légales, prudence politique et contradictions, la place des personnes LGBT dans le débat public continue d’interroger. La BD Mes papas et moi : Au fil des ans illustre cette complexité.
En 2025, cela peut sembler surprenant d’affirmer que les personnes LGBT sont encore “les oubliées” de la politique. Après tout, la France affiche depuis une dizaine d’années des avancées majeures : mariage pour tous, PMA pour toutes, interdiction des thérapies de conversion.
Et pourtant, derrière ces progrès, beaucoup de personnes LGBT ont le sentiment de ne jamais vraiment figurer au cœur des priorités politiques. Leur quotidien, souvent banal, se retrouve régulièrement exposé, discuté ou instrumentalisé, parfois sans qu’elles l’aient cherché.
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C’est exactement ce que raconte la BD Mes papas et moi : Au fil des ans, où Tristan, Florian et leur fils Zack mènent une vie tout à fait ordinaire… jusqu’au jour où la politique, la religion ou la société viennent subitement transformer leur intimité en affaire publique.
La gauche : grandes lois et petits pas
La gauche a longtemps porté de grandes réformes en faveur des droits LGBT, comme le mariage pour tous sous François Hollande en 2013. Mais après cette avancée majeure, beaucoup ont eu le sentiment que la page était tournée, comme si tout était désormais réglé.
La PMA pour toutes, pourtant promise depuis longtemps, a mis plusieurs années à aboutir, retardée par des débats houleux, y compris dans les rangs socialistes. Même au sein de la gauche, certains responsables politiques restent prudents, craignant de “trop bousculer” la société.
Résultat : les droits existent sur le papier, mais leur application et leur protection restent parfois incomplètes.
La droite : prudence et défense des “repères”
Du côté de la droite, la liberté individuelle est souvent mise en avant. Beaucoup de responsables politiques affirment ne pas être hostiles aux personnes LGBT en tant qu’individus. Mais dès qu’il s’agit d’élargir ou de consolider les droits familiaux ou parentaux, leurs positions deviennent souvent plus réservées.
Revient fréquemment l’argument des “repères familiaux” ou de “l’équilibre de l’enfant”, avec l’idée que la famille devrait idéalement rester fondée sur le modèle père-mère-enfant. Sans toujours proposer de lois restrictives, cette vision freine l’évolution des droits LGBT, notamment sur l’adoption ou la filiation.
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En parallèle, une partie de la droite redoute d’ouvrir des débats trop clivants et préfère rester sur des déclarations de principe, sans pousser plus loin.
Au final, la droite entretient un flou : elle se défend de toute discrimination, mais reste souvent sur la réserve quand il s’agit de traduire l’égalité en droits concrets.
L’extrême droite : autres priorités et critiques bien senties
L’extrême droite, elle, est plus catégorique. Pour elle, les questions LGBT sont souvent secondaires, face à des priorités jugées plus urgentes comme l’immigration, la sécurité ou le pouvoir d’achat.
Dans ses discours, elle présente parfois les revendications LGBT comme des préoccupations “de bobos déconnectés” ou comme une forme de “propagande idéologique”.
Par ailleurs, l’extrême droite ne manque jamais de pointer du doigt ce qu’elle considère comme les contradictions de l’extrême gauche, l’accusant de défendre les droits LGBT en France tout en soutenant à l’international certains régimes où ces mêmes droits sont inexistants, voire sévèrement réprimés.
L’extrême gauche : convictions fortes et contradictions internationales
À l’autre bout du spectre, l’extrême gauche s’affiche comme un fervent défenseur des droits LGBT. Elle réclame plus de droits, plus de protections, et une lutte plus active contre toutes formes de discrimination.
Cependant, plusieurs paradoxes lui sont reprochés. D’une part, son discours est parfois jugé trop idéologique ou théorique, au point de sembler déconnecté des réalités concrètes de la vie quotidienne de nombreuses personnes LGBT.
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D’autre part, et c’est sans doute le point le plus sensible, certains mouvements ou figures de l’extrême gauche expriment leur solidarité avec des régimes ou des groupes politiques à l’international dont les positions sont ouvertement hostiles aux droits LGBT.
Dans plusieurs pays soutenus par ces alliances, l’homosexualité est non seulement illégale, mais peut aussi valoir des peines extrêmement lourdes, allant jusqu’à la prison à vie, voire la peine de mort. Ce paradoxe crée un malaise : comment défendre la liberté et l’égalité ici, tout en fermant les yeux sur des persécutions ailleurs ?
Emmanuel Macron : entre modernité et prudence… et quelques fractures
Emmanuel Macron, de son côté, a choisi une approche du “en même temps”. Sous ses mandats, des avancées notables ont eu lieu, comme la légalisation de la PMA pour toutes ou l’interdiction des thérapies de conversion.
Mais au-delà de ces mesures, nombreux sont ceux qui pointent un manque de vision plus large, notamment sur les droits des personnes transgenres, la lutte contre les violences LGBTphobes ou la situation des réfugiés LGBT.
Macron répète souvent qu’il ne veut pas “fracturer la société”. Mais beaucoup notent, avec une pointe d’ironie, qu’il y est pourtant très bien arrivé sur bien d’autres sujets, laissant la cause LGBT dans un entre-deux où elle semble exister surtout à l’état de symbole.
Catherine, miroir de toutes les contradictions
Et c’est là que la BD Mes papas et moi : Au fil des ans propose l’un de ses personnages les plus fascinants : Catherine.
Catherine est la parfaite incarnation de ces paradoxes politiques. Elle se présente comme une femme respectable, élégante, moderne, engagée dans la société, toujours prompte à parler de valeurs et de respect. Elle proclame son ouverture d’esprit et sa tolérance, assure qu’elle soutient les droits LGBT… tout en défendant, dans l’ombre, des projets qui vont radicalement à l’encontre de ces principes.
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Dans la BD, Catherine porte un lourd passé et des secrets qu’elle s’évertue à dissimuler, exactement comme ces responsables politiques — qu’ils soient de droite, de gauche ou des extrêmes — qui brandissent une image publique irréprochable tout en cachant, dans leur histoire ou leurs alliances, des vérités bien moins glorieuses.
Elle symbolise l’hypocrisie universelle : celle qui fait de grands discours sur la liberté, la modernité ou la protection des familles, mais qui, au fond, peut soutenir ou cautionner des idées ou des systèmes profondément contraires aux droits LGBT.
Catherine nous rappelle que, dans la politique comme dans la vie, il est parfois difficile de savoir ce qui se cache derrière les sourires et les belles déclarations.
Et demain ?
Dire que la France n’est pas en retard serait aller un peu vite. Les droits sont inscrits dans la loi, mais cela ne garantit pas qu’ils soient toujours protégés ni appliqués. Les agressions LGBTphobes continuent, parfois encouragées par des discours politiques ambigus ou hostiles.
Au milieu de tout cela, des familles comme celle de Tristan et Florian continuent d’essayer de vivre normalement, souvent avec la désagréable impression d’être toujours observées, comme si elles devaient constamment justifier leur place dans la société.
