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Tintin, Astérix, Titeuf… Pourquoi la BD moderne n’a plus de héros cultes

Avant, un héros de BD avait une tronche qu’on repérait de l’autre bout de la librairie. Tintin avec sa houppette, Astérix avec ses moustaches, Titeuf avec son épi improbable. Aujourd’hui, silence radio ! Où sont passés les nouveaux héros cultes de la BD moderne ? Pourquoi aucune figure ne parvient plus à s’imposer au panthéon populaire ?

Des héros d’hier immortels mais figés

Soyons honnêtes, nos héros cultes viennent surtout des décennies passées. Tintin a vu le jour dans les années 30, Astérix dans les années 60, Lucky Luke encore plus tôt. Même Titeuf, qu’on associe souvent à la BD moderne, est né dans les années 90. Et oui, ça ne nous rajeunit pas !

Ces personnages continuent d’être publiés, d’être lus, d’être adorés. Mais ils appartiennent aussi à une époque, à un style, à un humour parfois très daté. Aujourd’hui, ils sont devenus des monuments figés, qu’on admire comme des statues, mais qu’on ose à peine retoucher sous peine de déclencher une guerre mondiale dans les commentaires.

Une époque où tout doit plaire à tout le monde

Créer un héros culte, c’est désormais risquer de déclencher un séisme sur les réseaux sociaux. Trop masculin, pas assez inclusif, trop violent, pas assez vegan friendly. La moindre case devient un champ de mines.

Un héros culte est souvent un peu border. Gaston Lagaffe est un flemmard professionnel, Titeuf est obsédé par les poils et les slips, Astérix se moque joyeusement des Anglais, des Goths, des Corses, des Belges et de tous les moustachus. Ce qui faisait rire hier serait jugé hautement problématique aujourd’hui. Résultat, beaucoup d’auteurs préfèrent jouer la carte de la sécurité, ou leurs éditeurs leur glissent gentiment de calmer le jeu.

Mikl Mayer et la quête de héros qui durent

Dans ce contexte, des auteurs comme Mikl Mayer continuent pourtant de créer des personnages avec du caractère. Dans Mes papas & moi, il raconte la vie d’une famille homoparentale, sans chercher le scandale, juste la vie, avec ses repas foirés, les chaussettes orphelines et les grandes engueulades pour des miettes de biscuits. Dans Le monde selon Loïc, il ose montrer un héros gay, cash, drôle, tendre, même si ça suffit à se faire censurer sur les réseaux pour un simple torse nu, classé “objet sexuel”. Oui, on en est là !

Mikl Mayer le dit lui-même, il rêve de créer des héros qui durent et qui ne vieillissent pas, à la manière de Tintin ou Astérix. Mais aujourd’hui, c’est un sacré parcours du combattant. Non pas faute d’idées, mais parce que tout s’est compliqué autour.

Pourquoi créer un héros culte est devenu un numéro d’équilibriste

Le public est éclaté, avant tout le monde lisait les mêmes albums, maintenant c’est manga par ici, BD indé par là, webtoons pour les insomniaques, chacun avec ses goûts bien affirmés.
La société est hypersensible, certaines blagues ou stéréotypes passent mal même sans mauvaise intention, chaque personnage ou réplique peut devenir une cible de critiques.


Les récits sont plus complexes également. Avant, chaque aventure tenait en un album. Maintenant, tout s’étale sur quinze tomes, arcs dramatiques inclus, c’est passionnant mais ça ne crée pas forcément des héros simples et iconiques.
La visibilité est plus difficile, moins de grandes revues BD comme Pilote, Spirou ou Pif pour lancer des personnages, moins de vitrines médiatiques, et surtout une énorme concurrence des écrans.
La télé, le cinéma, et désormais les plateformes de streaming, offrent des histoires plus accessibles, plus spectaculaires et plus rapides à consommer, ce qui laisse moins de place aux héros papier pour devenir de véritables stars populaires.

Créer un héros culte est devenu un vrai numéro d’équilibriste, version sans filet.

Le syndrome de la série sans fin

Autre problème, la BD moderne adore les séries fleuves. Les héros ne vivent plus des aventures bouclées mais des sagas sans fin, où tout doit être plus sombre, plus profond, plus réaliste, et si possible agrémenté d’un trauma d’enfance.

Un héros culte doit pourtant rester simple, reconnaissable, accessible même si on chope le tome 7 au pif chez le libraire. À force de vouloir raconter des intrigues complexes, on finit par perdre le héros au milieu du décor.

L’éparpillement des publics

Il y a trente ans, tout le monde lisait Astérix ou Tintin. Aujourd’hui, chacun a ses BD, mangas, romans graphiques, webtoons, BD indé. Il n’y a plus de héros fédérateur car il n’y a plus de public unique. Chacun a ses icônes, mais elles ne traversent plus la société entière. C’est comme les playlists Spotify, personne n’écoute la même chose, sauf peut-être Mariah Carey en décembre, mais ça c’est parce qu’on n’a pas le choix !

Le héros parfait n’existe pas… et c’est tant mieux ?

Est-ce si grave qu’il n’y ait plus de héros cultes universels ? Peut-être pas. On est passé d’une époque où tout le monde lisait la même chose à une BD plus variée, plus diverse, où chacun peut trouver son petit héros préféré, même s’il n’est connu que par 800 personnes sur Instagram.

Mais il faut bien l’avouer, un monde sans héros cultes, c’est un peu triste. Parce que c’est aussi grâce à eux qu’on riait, qu’on s’évadait et qu’on se disputait pour savoir si le meilleur personnage d’Astérix, c’était Obélix ou Idéfix.

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Mikl Mayer

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