La censure Le monde selon Loïc a commencé avant même la publication de la BD, avec trois affiches successivement supprimées par Facebook, révélant les limites actuelles des réseaux sociaux face aux œuvres LGBT.Cette polémique précoce a déclenché une vague de réactions, d’attaques homophobes… mais aussi un intérêt grandissant qui va propulser la BD jusqu’à dépasser les 200 000 vues.
Avant même sa parution, Le monde selon Loïc s’est retrouvé au cœur d’une série de censures successives de la part de Facebook. Fait rare, ce ne sont pas les épisodes qui ont posé problème, mais les affiches promotionnelles censées annoncer la BD.
La première montrait Loïc nu, dans une composition artistique, fragile, pudique, accompagnée du texte « Aime-moi ». Aucun élément explicite, aucune vulgarité, mais la plateforme a considéré l’image comme un « contenu pour adultes ».
Une deuxième affiche a alors été proposée : Loïc y soulevait légèrement son t-shirt, un geste plus innocent que suggestif. Elle a pourtant été supprimée elle aussi.
Le troisième visuel, le plus neutre possible, ne représentait que le visage de Loïc. Pas de nudité. Pas de geste ambigu. Rien. Malgré cela, l’image a également été censurée.
Trois affiches retirées, trois décisions difficiles à expliquer, avant même que la BD ne soit accessible. Une entrée en scène chaotique qui a immédiatement attiré l’attention du public.
Une hostilité précoce, révélatrice d’un malaise ancien
Après ces censures, les premières annonces autour de la BD ont été suivies de commentaires homophobes, parfois violents. Beaucoup d’internautes n’avaient rien lu, mais réagissaient à ce qu’ils imaginaient être « le sujet » : un homme gay vivant avec le VIH.
Ce type de réaction s’inscrit dans une longue histoire culturelle. Des œuvres comme Brokeback Mountain, Blue Is the Warmest Color, Fun Home ou Pose ont elles aussi été ciblées avant même leur sortie. Les attaques précèdent souvent la lecture dès qu’un récit LGBT s’écarte du cadre jugé « acceptable ».
Le monde selon Loïc s’est donc retrouvé au cœur d’une controverse… sans encore exister auprès de son audience.
Un récit sincère et humain, loin de la polémique
Lorsque la BD est enfin publiée, les lecteurs découvrent un univers très éloigné des polémiques initiales. Loïc n’est ni un symbole ni une provocation. C’est un personnage humain, fragile, maladroit, instable, drôle, profondément touchant.
La BD raconte sa vie, ses excès, sa maladie, ses rencontres et ses difficultés à s’aimer lui-même. Le ton est brut mais jamais gratuit. Il y a de la tendresse, du chaos, de l’humour, de la douleur et beaucoup de vérité.
Cette sincérité séduit. Les lecteurs comprennent rapidement que Le monde selon Loïc n’est pas une BD provocatrice : c’est une œuvre intime, ancrée dans la réalité, portée par un auteur qui ne cherche pas à édulcorer ses personnages.
Quand la censure attire le public au lieu de l’éloigner
Les trois censures successives, ensuite relayées par les lecteurs, ont eu un effet inattendu : elles ont rendu la BD plus visible.
De nombreuses personnes ont découvert le projet précisément parce qu’il avait été censuré. D’autres l’ont soutenu par solidarité.
C’est un phénomène culturel connu : l’interdiction renforce parfois l’intérêt. Des œuvres comme Maus, La Vie d’Adèle ou certains titres de Riad Sattouf ont déjà vu leur notoriété exploser à la suite de polémiques similaires.
Cette dynamique s’est reproduite ici : la BD dépasse aujourd’hui les 200 000 vues, un score exceptionnel pour une œuvre indépendante diffusée uniquement en ligne.
La sixième partie : un nouveau cap et un soutien inattendu
Le 16 novembre, la sortie de la sixième partie marque un tournant. Le public est au rendez-vous, preuve que l’intérêt ne faiblit pas. Mais cette partie apporte aussi une nouveauté de taille : l’intégration de personnalités célèbres dans l’histoire.
L’actrice et chanteuse Melissa Mars, connue pour son duo avec Pascal Obispo ou la comédie musicale Mozart, l’opéra rock, rejoint l’univers de Loïc.
L’acteur Julian Larach, révélé dans Les Feux de l’Amour et dans Monster de Ryan Murphy, apparaît également dans la série.
À leurs côtés, Charles de Vilmorin, créateur de mode emblématique, apporte une dimension artistique supplémentaire.
Leur participation dépasse le simple cameo. Il s’agit d’un véritable soutien à une BD indépendante qui a dû s’imposer malgré les obstacles.
Une place particulière dans la WebBD francophone
Avec son histoire, ses polémiques, son succès et ses soutiens, Le monde selon Loïc occupe désormais une place unique.
C’est une BD née dans l’adversité, jugée avant d’être lue, défendue avant d’être comprise, puis portée par un public fidèle.
Elle rappelle que les récits sincères, même imparfaits, peuvent trouver leur public lorsqu’ils sont portés par une narration authentique. Elle prouve également qu’une BD indépendante peut rivaliser avec les productions institutionnelles lorsqu’elle touche juste.
Le monde selon Loïc n’essaie pas de représenter « les » histoires LGBT : elle raconte celle d’un homme, avec ses forces et ses failles. Et c’est ce qui fait son succès.




