L’influence de Brigitte Bardot bande dessinée dépasse largement le cadre du biopic, puisqu’elle a servi de modèle graphique à des personnages emblématiques comme Falbala ou inspiré toute une génération d’héroïnes du 9ᵉ art.
Décédée le 28 décembre 2025, Brigitte Bardot appartient désormais pleinement à l’histoire culturelle française. Actrice mythique des années 1950-1960, figure mondiale de la liberté féminine puis militante engagée pour la cause animale, elle a marqué bien au-delà du cinéma. Son image, sa posture et ce qu’elle représentait ont profondément influencé la bande dessinée, non seulement comme sujet biographique, mais aussi comme modèle graphique et culturel. La BD, art du symbole et de la stylisation, s’est naturellement emparée de cette figure devenue mythe.
Brigitte Bardot est avant tout une image. Cheveux blonds libres, regard direct, corps affranchi des conventions et sensualité assumée : elle rompt avec les représentations féminines figées de l’après-guerre. Cette révolution visuelle coïncide avec l’émancipation progressive de la bande dessinée européenne, qui commence à s’adresser à un public plus adulte. Bardot devient alors un archétype moderne, facilement transposable en dessin, capable d’évoquer à elle seule une époque, une liberté nouvelle et un rapport inédit au désir.
Falbala dans Astérix : une inspiration assumée
L’exemple le plus clair et le plus reconnu de cette influence est Falbala, personnage de la série Astérix. Apparue dans Astérix le Tour de Gaule, Falbala est directement inspirée de Brigitte Bardot, alors au sommet de sa popularité. Albert Uderzo transpose volontairement l’icône contemporaine dans l’univers gaulois : même blondeur lumineuse, même naturel désarmant, même pouvoir de fascination. Comme Bardot, Falbala fait tourner les têtes sans jamais perdre sa liberté ni devenir un simple objet comique. Elle incarne une “Bardot antique”, immédiatement identifiable pour les lecteurs de l’époque.
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De Bardot à Barbarella : la naissance d’un archétype féminin
Au-delà de Astérix, l’influence de Bardot se prolonge dans des œuvres plus audacieuses. En 1962, Barbarella, créée par Jean-Claude Forest, incarne parfaitement cet héritage. Même si Bardot n’est jamais citée comme modèle officiel, l’esprit est évident : Barbarella est libre, sensuelle, maîtresse de ses choix, évoluant sans culpabilité dans un monde dominé par les hommes. La BD s’approprie ici le mythe bardotien pour aller plus loin encore dans la transgression, faisant de la féminité un moteur narratif et non un simple décor.
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Bardot, rarement personnage, souvent référence
Contrairement à d’autres figures historiques, Brigitte Bardot apparaît peu comme personnage direct de fiction en bande dessinée. Son influence se situe ailleurs : elle devient un référent culturel, une source d’inspiration diffuse. Dans les années 1960-1970, de nombreuses héroïnes portent cette empreinte bardotienne — cheveux lâchés, corps naturels, sensualité non idéalisée, refus de la morale imposée. La BD ne dessine pas Bardot, elle dessine ce qu’elle a rendu possible.
La BD biographique comme travail de mémoire
Avec sa disparition en 2025, les bandes dessinées biographiques consacrées à Bardot prennent une dimension nouvelle. Des albums comme Les étoiles de l’histoire : Brigitte Bardot inscrivent désormais son parcours dans une démarche patrimoniale. La BD permet de condenser une vie hors norme, de montrer les contrastes entre la star adulée et la femme en retrait du monde, et d’aborder ses engagements avec une distance narrative que n’autorisent pas toujours les formats classiques.
Une icône devenue mythe dessiné
Aujourd’hui, Brigitte Bardot n’est plus seulement une référence pop : elle est un mythe graphique. De Falbala à Barbarella, de la BD humoristique à la BD adulte, son influence traverse les genres et les générations. En entrant définitivement dans l’histoire, Bardot continue d’exister dans les cases, non comme une simple actrice disparue, mais comme une figure fondatrice de la représentation moderne de la femme en bande dessinée. Le 9ᵉ art, en l’intégrant à sa mythologie, prolonge ainsi l’écho d’une icône qui a changé notre façon de regarder les images — et celles qui les habitent






