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3 questions à… Jean-Luc Romero-Michel

Le 29 mai 2018, Jean-Luc Romero-Michel apprenait le décès de son mari Christophe, survenu lors d’une prise mortelle de drogues de synthèse. L’homme politique a alors décidé d’écrire une lettre à son mari, qu’il publie sous forme d’un livre, Plus vivant que jamais, où il raconte son amour, et de la difficulté du deuil. Il a accepté de répondre à nos 3 questions.

Dans cette lettre, vous y révélez les circonstances tragiques de la mort de votre mari, que vous ne souhaitiez pas communiquer tant que tous les éléments ne seraient pas connus. Qu’est-ce qui vous a poussé à le faire alors que vous ne semblez pas convaincu par la dernière version établie ?

Il va y avoir un procès contre la personne avec laquelle il était ce soir-là. Avant ce procès, où l’on parlera forcément beaucoup de Christophe et des conditions de sa mort liées aux prises de drogues et au chemsex, je voulais dire à quel point Chris fut un homme réellement exceptionnel durant sa bien trop courte vie. Il avait ses démons comme nous les avons tous. Mais il fut un mari aimant et attentionné. Il était un ami bienveillant, un militant exceptionnel et charismatique pour les droits humains, contre le SIDA et pour le droit de mourir dans la dignité.

Je ne voulais pas qu’on oublie qui il était vraiment. Sa vie ne peut se résumer à sa mort tragique.

Comment vous êtes-vous senti après avoir écrit cette lettre ?

C’est mon amie Valérie Trierweiler qui m’a conseillé d’écrire. Je n’en avais plus le goût du tout. Elle m’a assuré que cela m’aiderait comme ce fut le cas pour elle. J’ai donc commencé à écrire. J’étais tellement désespéré et anéanti. Au début, ce n’était que pour moi. Ma thérapie. Au bout d’un an, j’ai fait lire cela à Valérie et à mes éditeurs Yves Michalon et Florent Massot. Ils m’ont conseillé de publier ce texte car il permet de révéler le vrai Chris et surtout d’aider celles et ceux qui vivent un deuil aussi brutal.

Sa publication permet aussi de sensibiliser à l’explosion des drogues de synthèse et du chemsex et à la nécessité de changer notre politique répressive des drogues en une politique misant enfin sur la prévention et l’information, sur la responsabilisation. Finalement, l’écriture m’a libéré et m’a aidé à accepter cette situation et à continuer à vivre sans désormais voir, chaque jour, le merveilleux sourire de Christophe.

Que peut-on vous souhaiter pour la suite ?

Après avoir vécu 11 ans d’un tel amour fusionnel, il est difficile de se projeter, de redonner un sens à sa vie.

Le manque d’une épaule pour se poser se fait ressentir chaque jour un peu plus car Chris était extrêmement attentionné et affectueux. Je sais que je ne connaîtrai plus jamais une histoire aussi passionnelle et fusionnelle mais j’espère retrouver enfin de la sérénité et de l’espoir. On peut me souhaiter de réussir à sensibiliser et faire avancer les combats qui m’animent et sont ma vie – égalité des LGBTQI+, lutte contre le SIDA, droit de mourir dans la dignité et bien sûr le combat pour une autre politique sur les drogues.

À terme, j’espère pouvoir vivre en Thaïlande où j’ai retrouvé la sérénité et la paix quelques mois après sa mort et où une partie de ses cendres reposent. Vivre le moment présent est presque impossible dans notre société. J’y arrive enfin en Thaïlande et je voudrai y vivre l’ultime étape de ma vie.

 

Le blog de Jean-Luc Romero-Michel : www.romero-blog.fr

Pour commander Plus vivant que jamais de Jean-Luc Romero-Michel : michalon.fr

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Mikl Mayer

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